Iron Man 2 (Partie 1)

Iron Man 2 est, comme son nom l’indique, la suite directe du film Iron Man, dont l’article associé est disponible juste ici. Il n’est néanmoins pas le deuxième film produit par le MCU, cet honneur venant à L’Incroyable Hulk, dont nous parlerons plus tard.

Le monde de Stark reste encore très ancré dans la réalité, bien qu’il soit désormais lié indirectement à d’autres personnages que nous avons déjà pu rencontrer, par l’intermédiaire d’un Nick Fury plus présent. Tony lui-même connaît encore un développement supplémentaire, qui achève d’établir sa position comme noyau du MCU, étant donné qu’il fut le premier héros à avoir un deuxième film, qui plus est pas longtemps après le premier. A titre de comparaison, il aura fallu attendre 2014 pour obtenir une suite à Captain America (soit un an après le troisième volet de Iron Man et le deuxième volet de Thor).

Le film Iron Man 2 développe bien des liens et bien des éléments du MCU, que nous allons étudier ensemble.

Attention, passé ce message, vous prenez le risque de tomber sur un spoiler du film Iron Man 2 (et des précédents films visionnés pour ce marathon).

Poster du film Iron Man 2 (2010), réalisé par Jon Favreau.

Une suite à la hauteur ?

Le film a plusieurs fois fait l’objet de critiques négatives, qui s’accordaient à dire que Ivan Vanko et Justin Hammer étaient loin d’être des antagonistes intéressants, que l’intrigue était poussive et que le personnage de Tony Stark ne connaissait aucune évolution voire pire, qu’il subissait une régression. Autant vous dire que je me ferai un plaisir de montrer à quel point cela est, en fait, faux. Certes, le film n’est pas exempt de défauts, mais aucun film de Marvel Studios n’est parfait. Comparé au reste de la Phase 1, Iron Man 2 tient, à mon sens, largement la route. En l’occurrence, concernant ce qui nous intéresse, à savoir le développement des personnages et de l’univers, le film est une source d’informations majeure.

De plus, il contribue grandement au tissage des liens entre les différents éléments du MCU : même s’ils sont encore peu nombreux par rapport à ce que nous pouvons voir dans les films d’aujourd’hui, cela permet de bien établir les bases d’un solide univers. Moins il y a de pièces à devoir attacher les unes aux autres d’un coup, plus il est facile de les assembler en un ensemble cohérent et facilement manipulable.

Détail de la couverture de Tales of Suspense #52 (1964) où la Veuve Noire apparaît pour la première fois, aux côtés d’Anton Vanko/Dynamo Pourpre.

Retour aux sources

Pour ce nouveau film, qui est donc la première suite à un film Marvel Studios, on retrouve Tony Stark, dont les origines ont déjà été présentées dans le précédent film, ainsi que ses alliés James « Rhodey » Rhodes (l’un des rares personnages du MCU à avoir changé d’interprète) et Virginia « Pepper » Potts.

Dans le précédent article, j’avais mentionné lors de la présentation d’Iron Man version papier plusieurs éléments caractéristiques de son histoire qui ont été adaptés non pas dans le premier volet de la saga, mais bien dans ce film-là. Ainsi, toute l’intrigue autour de l’empoisonnement au palladium est directement issue du fameux arc Demon in a Bottle qui voyait Stark lutter contre son alcoolisme (qui a donc été modifié pour être compatible avec le public visé). De même, on observe l’introduction de deux/trois personnages classiques de l’univers d’Iron Man : la Veuve Noire et la Dynamo Pourpre (Anton et Ivan Vanko ayant tous les deux porté ce nom, qui n’est pas repris dans le film).

Bien évidemment, les enjeux de ces nouveaux personnages ne sont plus les mêmes dans le contexte du film par rapport à leur première apparition, où ils étaient des ennemis de Stark associés au régime soviétique, l’un étant un ingénieur officiant comme réponse communiste à Iron Man tandis que l’autre était l’archétype de l’espionne russe à la beauté froide et fatale.

Le film s’attarde également sur la relation que Tony entretenait avec son père, Howard, de son vivant. Cette relation était déjà houleuse, pour ne pas dire toxique, dans les comics, où Howard lui-même était alcoolique et instable, relevant plus de l’abuseur que de la figure d’attachement.

Tout ceci étant dit, voyons comment le travail d’adaptation a permis d’enrichir la suite du récit débuté par Iron Man.

Sans vouloir juger les gens sur leur apparence, j’ai envie de dire que même s’il avait voulu paraître gentil, il aurait pas pu.

Anton Vanko & Justin Hammer

Contrairement aux articles précédents, je souhaite commencer par analyser les deux antagonistes principaux de ce film : Ivan Vanko et Justin Hammer.

Beaucoup ont reproché à ce film d’avoir trop d’antagonistes et d’intrigues différentes. Je ne pense pas que ce soit vrai. En fait, les deux intrigues liées à Vanko et à Hammer sont imbriquées l’une dans l’autre. Si Stark n’avait eu affaire qu’à l’un des deux, les enjeux n’auraient pas été suffisamment élevés. Non seulement les deux antagonistes sont nécessaires pour pousser Stark un peu plus dans ses retranchements, mais ils sont également nécessaires pour pouvoir les différencier du premier antagoniste d’Iron Man : Obadiah Stane/Iron Monger.

Stane était un simple industriel cherchant avant tout le profit quitte à se salir les mains, sans se soucier des conséquences réelles que cela engendrait. En partant de cet état de fait, on peut voir que Stane représentait tout ce dont Tony souhaitait se débarrasser chez lui durant son processus de rédemption. Une fois cela accompli, il n’y avait aucune raison pour que Tony affronte un ennemi similaire, ce qui aurait été le cas de Justin Hammer par exemple.

Ce dernier est en pratique assez similaire à Stane : c’est un riche industriel moins doué que Tony qui essaie d’imiter sa technologie. Toutes ses apparitions sont faites pour rappeler qu’il n’est pas Tony Stark, à ceci près qu’il ne semble pas s’en rendre compte, là où Obadiah en avait pleinement conscience et comprenait la source de sa frustration. La différence est que Hammer a un conflit personnel avec Stark, alors qu’Obadiah ne souhaitait vraiment que prendre sa place. Hammer est constamment rabaissé par Stark, qui ne le porte déjà pas dans son coeur, loin de là, jusqu’à même se faire humilier devant le Congrès des Etats-Unis, avec pour conséquence de voir son contrat avec l’armée américaine suspendu. La vendetta de Hammer est à la fois causée par l’attitude de Stark et sa propre incompétence. Cependant, comme il n’en comprend pas la cause, il préfère rejeter toute la faute sur Stark. En somme, c’est une guerre d’ego entre un prodige narcissique et un ignare imbu de lui-même.

Ivan Vanko, lui, est motivé par un besoin de vengeance. Il apparaît dès le début du film alors que la télévision russe relaie la conférence de presse durant laquelle Tony a annoncé être Iron Man : lui et son père, Anton, semblent vivre une vie de misère. Anton murmure que ç’aurait dû être Ivan à la place de Tony, avant de mourir. Accablé par le deuil, la haine, la colère et le chagrin, Ivan se met alors à développer lui-même un réacteur Arc, à partir de plans dessinés par Howard Stark et son père.

Vanko n’agit néanmoins pas tout de suite : il attend que Tony Stark/Iron Man commence à être moins soutenu qu’avant, ce qui finit par arriver lors de la comparution de Tony Stark devant un comité du Congrès des Etats-Unis mené par le sénateur Stern. Bien que Tony semble bien s’en sortir, on apprend néanmoins que le gouvernement ne voit pas son indépendance d’un très bon oeil, allant même jusqu’à mettre en place des stratégies déloyales (manipulation, déformation de témoignages et de preuves, déclarations fallacieuses…) pour commencer à décrédibiliser Stark.

C’est à ce moment que Vanko décide de frapper, utilisant son propre réacteur Arc pour attaquer Tony, alors même que ce dernier avait affirmé devant le Congrès qu’il y avait peu de chances que sa technologie ne soit répliquée avant 15-20 ans. En attaquant Tony sur son propre terrain, Vanko devient le premier homme à s’être opposé à Iron Man à armes égales, sans avoir eu besoin d’aide. Bien qu’il ait été défait par Iron Man, Vanko affirme à Stark qu’il a perdu. Durant une discussion plus intime entre les deux ennemis, Vanko explicite cette affirmation : alors qu’Iron Man était vu comme un héros imbattable, Vanko a réussit à le faire saigner, à le mettre en difficulté, prouvant ainsi qu’il n’était pas invincible. Ayant prouvé la faillibilité de Stark, Vanko sait que d’autres ennemis viendront tenter de détrôner Stark.

Cet ennemi, c’est évidemment Hammer. L’alliance entre ce dernier et Vanko est extrêmement fragile, bien qu’intéressante à analyser : Hammer est hautain, méprisant et persuadé d’avoir le contrôle sur Vanko, sans se rendre compte que c’est en fait Vanko le plus futé. Ce dernier ayant décidé de montrer patte blanche, il obtient un accès total aux ressources de Hammer Industries, soit la plus grande entreprise d’armement américaine. Alors qu’il a réussit à construire son prototype d’armure de combat à partir de rien, il possède désormais tout le soutien logistique nécessaire (et même plus encore) pour accomplir sa vengeance. L’ambivalence de cette relation est très bien dépeinte : là où Hammer est excentrique et méprise Vanko, jusqu’à lui parler comme à un enfant, Vanko ne sort jamais de son personnage et joue parfaitement le Russe bougon et récalcitrant, jusqu’à ce qu’il devienne clair qu’il possède l’ascendant aussi bien intellectuel que stratégique.

L’opposition entre Vanko et Hammer ne s’arrête pas là : leur cible est différente. Vanko est en vendetta contre la famille Stark en général, en raison des conséquences de l’expulsion de son père par Howard Stark. Il veut faire souffrir Tony autant que lui a souffert. Hammer, lui, cherche avant tout à s’attaquer à l’héritage de Stark. Il veut être celui qui sera le plus mémorable, celui qui restera le plus longtemps dans les annales, celui qui marquera assez les esprits pour s’assurer la prospérité et la gloire. Pour Vanko, la vengeance passe par la souffrance et la mort de Tony Stark. Pour Hammer, elle passe par l’utilisation d’un ersatz de technologie Stark pour donner au gouvernement ce qu’il veut.

Ironiquement, les deux antagonistes subissent un sort équivalent à ce qu’ils comptaient infliger à Iron Man : Vanko finit par mourir, après une longue vie de souffrances, tandis que Hammer est humilié, d’abord par Natasha Romanoff, puis par Pepper Potts qui le fait arrêter. La réaction de Hammer est intéressante et montre bien le ridicule du personnage : il rejette une nouvelle fois la faute de sa défaite sur une autre personne, en l’occurrence Pepper, l’accusant d’avoir tout fait pour éliminer la concurrence, alors qu’il est clair que c’est tout simplement parce qu’il a enfreint plusieurs fois la loi.

Vanko et Hammer ont beau ne pas avoir tant de profondeur de personnage que le protagoniste qu’ils affrontent durant le film, ils encouragent l’évolution de Tony Stark en l’attaquant sur sa priorité durant une grande partie du film : son héritage. Hammer cherche à supplanter l’héritage de Stark, il veut le lui confisquer afin d’encourager son propre ego. Vanko, quant à lui, représente les conséquences de Stark, père comme fils, et montre que quand on essaie de réécrire son héritage, son histoire, il reviendra toujours un fantôme du passé pour le hanter.

Vanko est en cela le véritable antagoniste du film, car son action est plus profonde chez Tony. Il montre que, finalement, Iron Man n’était qu’une stratégie d’évitement de plus, et que ses actions à Gulmira puis ailleurs étaient plus une démonstration de force qu’une réelle rédemption : Tony n’a jamais vraiment pu accepter ses erreurs. La culpabilité est là, mais il essaie encore d’y échapper en faisant le plus de bien possible. En se retrouvant confronté à Vanko, qui l’égale tant sur le plan physique que sur le plan intellectuel, Tony ne peut plus échapper aux conséquences de ses actions ni de celles de son père ou de son entreprise, dont Vanko est l’incarnation.

Le problème dans l’issue de cette opposition est que Tony a déjà connu un certain nombre d’évolutions dans ce film, qui lui permettent de déjouer l’action très (trop ?) frontale de Vanko : plutôt que de la jouer subtile, ce dernier dirige toutes ses forces de frappe contre lui. Vanko est intelligent, certes, mais il est aussi motivé par des émotions trop violentes pour être contrôlées et compensées par la raison. Vaincu, Vanko n’aura pas réussi sa tâche, en tant que criminel comme en tant qu’antagoniste. Il faudra donc attendre encore une prochaine fois pour que Tony comprenne enfin totalement à prendre conscience des conséquences de ses actes.

Les deux antagonistes ont donc beau encourager l’évolution de Tony, ils n’en sont pas les moteurs principaux.

Je trouve ici le jeu d’acteur de Robert Downey Jr. saisissant : on croirait lire la détresse dans ses yeux.

Iron Man invincible ?

Tony est loin d’avoir atteint la perfection à la fin de son premier film, et son introduction dans cette suite est ici pour nous le rappeler. Alors qu’il vient d’atterrir au milieu d’une scène devant une foule en délire en armure Iron Man, Tony nous permet d’établir à nouveau qui il est : c’est un homme égocentrique, narcissique avec un goût pour le théâtralisme. Il évoque également un fait déjà montré par les coupures de presse apparues durant le générique d’introduction du film : Iron Man a réellement pu aider à installer une paix qui, à défaut d’être durable, paraît stable. Bien qu’on pourrait croire que c’est grâce à l’action menée par Iron Man que cette paix s’est installée, on devine bien vite qu’il s’agit en fait avant tout d’une paix due à l’intimidation que suscite Iron Man. Personne ne semble capable de rivaliser avec la technologie de Stark.

Enfin, il verbalise quelques évolutions connues dans le précédent film, notamment une attention toute nouvelle à son héritage, maintenant qu’il a compris que ses actions avaient une réelle influence sur le monde et les personnes qui l’habitent. Mais là où l’héritage était simplement un sujet de préoccupation dans la deuxième moitié du premier film (suite notamment à l’intervention de Ho Yinsen), il semble être devenu une priorité. La raison pour ce changement est montré immédiatement après le discours d’inauguration de la Stark Expo : Tony Stark est malade.

On n’en saura néanmoins pas plus sur ce mal qui le ronge avant un petit moment, puisqu’un autre problème se profile pour Stark. Comme mentionné précédemment, le gouvernement des Etats-Unis, représenté par le comité du sénateur Stern, souhaite qu’Iron Man devienne un bien du gouvernement et non plus la seule propriété de Tony Stark, car il doute de sa capacité et de sa légitimité à protéger les citoyens américains et les intérêts de la nation. Suite à son refus et à un concours de circonstances lié au plan de Vanko puis de Hammer, Stark se voit constamment décrédibilisé dans la presse, très certainement sous l’impulsion de Stern (qui est le premier à exprimer des doutes publics sur Iron Man).

Après son passage au Congrès, Tony retourne enfin chez lui, où on apprend que sa maladie est en fait liée au palladium qu’il utilise pour alimenter son réacteur Arc, qui lui empoisonne le sang. Malgré toutes ses recherches, aucune alternative viable n’a pu être trouvée. Pire encore, l’usage de l’armure accélère le processus. Tony Stark est donc condamné à mourir dans tous les cas de sa propre main : soit il laisse tomber le réacteur et son coeur est transpercé par les éclats de shrapnel, soit il se fait empoisonner par l’instrument qui le maintient en vie.

On se retrouve donc avec un Tony Stark imbuvable dans ses relations sociales, condamné à mort par ce même alter ego qui lui avait pourtant sauvé la vie, et dont la volonté de laisser un héritage sain est mise à mal par la campagne de décrédibilisation dont il fait l’objet, en plus d’être pris pour cible par un homme dont la vie a été dévastée par son père. Peut-être que certaines personnes auraient pu garder la tête hors de l’eau, certes. Le problème, avec Tony Stark, c’est qu’il possède déjà le poids d’une culpabilité qu’il refuse malgré tout de regarder en face. Un poids qui, dans sa situation, l’entraîne vers le fond.

Plutôt que de s’ouvrir et en parler à ses proches, Tony décide donc de mettre en place des stratégies d’évitement, comme il en a l’habitude depuis le premier film (vous vous rappelez ? sexe, alcool, drogues etc.). La différence, c’est que Tony sait qu’il n’a plus rien à perdre, donc sa stratégie d’évitement devient une tendance autodestructrice (réalisant par la même le pire cauchemar de Pepper, mais on y reviendra).

Néanmoins, ce n’est pas la seule tendance qu’il acquiert dans ce film. En même temps, il continue – consciemment ou non – son travail d’ouverture aux autres entamé dans le précédent volet. Sa relation avec Pepper semble s’enrichir, bien que ses vieilles habitudes l’empêchent toujours à se laisser approcher et à se laisser l’approcher elle, alors que l’attirance perçue dans le premier film semble déjà s’être mue en une alchimie plus aboutie, comme le prouve leur capacité à échanger par un simple jeu de regard.

Sa relation avec Rhodey, en revanche, est plus tumultueuse dans ce volet. Déjà, on avait pu observer à quel point les deux amis pouvaient fonctionner différemment : là où Tony est un solitaire irresponsable et narcissique, Rhodey est un militaire croyant en la force du lien qui l’unit avec les autres officiers mais aussi et surtout en son devoir. Tony se heurte sans cesse au mur de raison qu’est Rhodey, mais effectue toujours une pirouette pour éviter le sermon, jusqu’à l’apogée de leurs tensions durant leur combat chez Stark. Alors que Stark se retrouve à armes égales contre Rhodey, il ne peut plus échapper à ce face-à-face, même s’il essaie au début, lorsqu’il demande au DJ de la soirée de mettre de la musique pendant qu’il combat… il n’arrive même pas à verbaliser l’idée qu’il s’apprête à se battre contre son meilleur ami.

La vérité, c’est qu’il a conscience de ses actes, ce que sa réplique dans les toilettes du restaurant à Monaco révèle, en montrant qu’il sait qu’il n’a que des mauvaises idées pour éviter la réalité morbide de sa situation. A cette réplique s’ajoute l’information mentionnée par Natasha Romanoff après que Tony ait affirmé que Rhodey avait volé l’armure qu’il a prise : il n’y a aucun élément de programmation qui aurait empêché Rhodey de s’en emparer. Inconsciemment ou non, Tony a laissé Rhodey reprendre le flambeau d’Iron Man.

Jusqu’à sa guérison, Tony ne fait qu’établir son héritage, sa succession, par l’intermédiaire de ses deux seules vraies relations. Il laisse la charge à Pepper de diriger Stark Industries, et confie à Rhodey celle de devenir Iron Man. Le problème, c’est la façon dont il gère ces deux relations : encore trop insecure pour pouvoir s’ouvrir pleinement, il semble compenser chaque tentative de contact émotionnel par son comportement autodestructeur qui sabote la relation. Ainsi, Pepper prend ses distances à mesure que Tony fait preuve d’irresponsabilité et d’instabilité, tandis que Rhodes finit par accepter l’idée que Tony n’est pas apte à endosser les responsabilités d’Iron Man.

Tony touche donc le fond : après avoir montré au monde qu’il n’est pas du tout le noble héros fiable et raisonnable que devrait être Iron Man durant sa soirée d’anniversaire, il a perdu les deux seules personnes qui le comprenaient, et doit maintenant accepter l’idée qu’il va mourir, seul, avec l’échec de ne pas avoir su promettre une paix durable à un monde ingrat. C’est là que Nick Fury intervient.

Avec l’arrivée de Nick Fury, c’est comme si Tony entrait en contact avec son propre père. On apprend que Howard Stark, à l’époque où il fut père, était loin d’être le playboy heureux de vivre et facile d’accès qu’il était dans sa prime jeunesse, du vivant de Captain America. Il s’agissait d’un père froid, distant, ne montrant quasiment aucune reconnaissance à son fils. Bref, on est loin de la figure paternelle attachante et encourageante. Pourtant, comme l’annonceront Fury puis Howard lui-même, ce dernier voyait en Tony l’unique espoir de voir le projet d’Howard se concrétiser : une paix durable garantie par une source d’énergie illimitée qui rendra les guerres caduques. Cette reconnaissance nouvellement acquise par Tony lui redonne la volonté nécessaire pour parvenir au bout de son projet et celui de son père, à qui il a encore le sentiment de devoir prouver sa valeur (ah, tiens, j’ai l’impression d’avoir déjà vu ça plusieurs fois).

Assigné à résidence par le S.H.I.E.L.D., Tony cherche un moyen de continuer les recherches de son père, ce qui nous permet en même temps de découvrir ce que Howard comptait faire à l’aide du Tesseract, qu’il avait récupéré à la fin de Captain America: First Avenger. Mais il se rend compte qu’il ne parvient à rien, tant qu’il est seul. Il tente donc de renouer les liens avec Pepper, qui refuse, parce qu’après tout elle a quand même mieux à faire que de gérer les caprices d’un homme-enfant incapable d’exprimer clairement ses émotions. Stark semble comprendre à quel point il a besoin d’autres personnes que lui-même dans sa vie, ce qui est une nouvelle évolution pour lui. Il apprend enfin à accepter la proximité émotionnelle. Ça fait donc un premier problème qui avance vers la résolution.

S’ensuit alors un l’élaboration du « nouvel élément » par Stark. Qu’on soit bien clair hein, en aucun cas Stark n’a réussit à créer un nouvel élément, il l’a « juste » (re)découvert et synthétisé. Ce fameux élément, c’est en fait l’un de ceux (ou celui) qui composent le Tesseract. Toujours est-il que cette avancée scientifique indéniable résout l’un de ses problèmes, et non des moindres, puisqu’il n’est plus en danger de mort. Mais, à ce moment-là, il apprend que Vanko est sur le point de mener à bien sa vengeance, ce qui le pousse à renfiler l’armure et aller sauver des vies.

A la Stark Expo, une fois Rhodey libre de ses mouvements dans l’armure de War Machine, Tony Stark a visiblement retenu la leçon sur les limites de la solitude, et considère désormais son meilleur ami comme un partenaire, un équipier. Puis, une fois Pepper sauvée, il laisse enfin l’alchimie entre elle et lui faire sa magie, et ils échangent leur premier baiser. D’ailleurs, on peut voir que leur relation a changé à la manière qu’ils ont désormais de dialoguer : les deux échangent sans empiéter sur la parole de l’autre. Ils sont enfin sur la même longueur d’onde.

Tony Stark a beau ne pas s’être défait de sa culpabilité, dont il fuit encore la confrontation, il ne ressort pas de ce film inchangé : alors qu’il avait décidé d’être plus responsable dans ses actes vis-à-vis des innocents à la fin du premier film, il a enfin appris à accepter la proximité émotionnelle, lui permettant d’être plus responsable vis-à-vis des autres. De plus, une fois la menace du palladium écartée, il n’a plus besoin de ses tendances autodestructrices, ce qui l’encourage à être plus responsable vis-à-vis de lui-même. Qui sait, peut-être que la prochaine étape sera d’enfin accepter ses erreurs passées et alléger le poids de la culpabilité ?

Iron Man et War Machine, un duo invincible.

Conclusion Partielle

Comme cet article commence à être un peu long, je préfère m’arrêter là pour l’instant. En résumé, pour l’instant, Iron Man 2 s’avère très sous-estimé par ses détracteurs. On y retrouve Tony Stark tel qu’on nous l’avait laissé à la fin de son premier film, pour le voir encore évoluer durant ce film, petit à petit.

En écrivant ces lignes, je me prends à avoir de plus en plus d’empathie pour Stark. Ne vous méprenez pas, j’ai toujours compris plus ou moins ses motivations et ses faiblesses, mais j’avais toujours eu du mal à m’identifier à ce riche excentrique et irrespectueux. En m’attardant plus en détails sur sa personnalité et ses défauts, je comprends mieux les tenants et aboutissants qui ont conduit à l’individu qu’il est aujourd’hui, avec ses qualités comme ses défauts, ses insécurités. Le fait d’avoir une approche aussi profonde de ses défauts permet de rendre l’identification du spectateur au personnage encore plus facile : qui n’a jamais eu l’impression de toucher le fond ? qui n’a jamais commis une action qu’il ou elle n’a jamais réussi à se pardonner ?

De même, bien qu’ils paraissent particulièrement superficiels lorsqu’ils sont pris individuellement, les antagonistes de ce film s’avèrent particulièrement intéressants à étudier lorsqu’on les met en opposition l’un avec l’autre puis avec Tony. La différence avec la plupart des autres criminels qu’on affronté les super-héros du MCU, c’est que Tony n’a pas besoin de s’identifier ou s’opposer à eux sur le plan de l’idéologie, de la compétence ou de la façon de faire : Justin Hammer cherche à le surpasser, en vain, et Vanko exécute sa vengeance de la même manière que Tony avait libéré Gulmira, en mitraillant la cible. Tony Stark évolue dans ce film uniquement en raison de l’évolution de ses relations avec ses proches et ses nouveaux alliés, plutôt qu’en retenant la leçon donnée par l’histoire de tel ou tel antagoniste.

C’est là-dessus que s’achève cette première partie. Dans le prochain article, on analyse les personnages secondaires et on récapitule les liens tissés par ces quatre premiers films. Ciao !

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