Avengers: l’Ère d’Ultron (Partie 2)

Diantre ! Ca faisait un moment qu’on avait pas eu d’articles en deux parties ! Pour consulter la première partie, c’est ici. Pour résumer néanmoins :

  • L’Ère d’Ultron n’est pas une période qui se termine avec la fin du film, c’est une ère qui ne fait que débuter, une ère durant laquelle les super-héros sont considérés avec méfiance voire avec crainte.
  • Iron Man démarre un nouvel arc narratif : obsédé par la menace que représentent les autres habitants de la galaxie, il décide de virer sécuritaire, désespéré de ne pas pouvoir protéger la Terre à temps et de voir ses amis mourir.
  • Captain America voit son arc personnel raconté durant ses trois apparitions précédentes continuer vers une conclusion partielle, durant laquelle il accepte enfin sa place de sempiternel soldat dans le monde moderne, résigné à ne pas pouvoir se poser avec une famille.
  • Vision est l’exact opposé d’Ultron : alors que ce dernier est un être à la conscience cosmique emprisonné dans un corps imparfait créé par des humains, Vision est un programme quasi humain qui a investit un corps conçu par Ultron pour être parfait. C’est un être bienveillant et sage, sur lequel la Terre peut compter.

La partie n’est néanmoins pas finie puisqu’il nous reste encore à nous plonger dans les psychologies de Natasha Romanoff, Bruce Banner et Hawkeye, avant de s’intéresser un peu plus à Thor. Je vais d’ailleurs en profiter pour parler un peu de la polémique qui a tourné autour de ce film, accusé de sexisme pour son traitement du personnage de Black Widow.

La vie de Natasha est plus montrée dans ce film et permet de mieux comprendre sa psychologie.

Natasha Romanoff/Black Widow

Nous avions laissé Black Widow alors qu’elle tentait de se reconstruire après avoir compromis toutes ses couvertures lorsqu’elle a participé à la chute du S.H.I.E.L.D. et la révélation de tous les secrets de l’organisation. On avait donc une Natasha Romanoff qui avait sacrifié tous ses masques et qui partait en quête d’identité.

On la retrouve aujourd’hui au sein des Avengers plus déterminée que jamais. Alors que le premier Avengers l’avait mise plus ou moins sur le même plan que les personnages plus humains comme Hawkeye, Nick Fury et Maria Hill, les thèmes abordés par sa suite ont permis de ranger Black Widow au même rang qu’Iron Man, Hulk et Captain America. En effet, ce personnage est l’un des plus intéressants à aborder du point de vue de la monstruosité.

Il ne fait aucun doute que Natasha Romanoff est une humaine qui se démarque avant tout par son expérience et ses compétences en combat. D’aucun dirait qu’il s’agit d’une femme normale qui s’est lancée dans l’aventure super-héroïque. Pourtant, rien n’est plus faux concernant Black Widow. Rappelons-le : Natasha Romanoff a été forcée dès l’enfance à combattre, à être la meilleure dans ce pour quoi elle était formée, le meurtre.

Dans la vision suscitée par Wanda, Nat’ revoit quelques bribes de son passé au sein de la Chambre Rouge : on y voit une future Black Widow qui oscille entre le regard apathique dénué de scrupules et une Natasha qui fait exprès de rater pour échapper à la « cérémonie » qui l’attend après qu’elle ait réussi à passer les tests de fin de formation. On apprend ensuite que la cérémonie en question est en fait une opération chirurgicale pour stériliser les diplômées.

Comme Black Widow l’explicite elle-même, cette opération est un élément extrêmement pervers puisqu’il a pour but d’empêcher les filles qui quittent la Chambre Rouge de pouvoir avoir un futur autre que celui pour lequel elles ont été formées, comme en ayant des enfants. C’est la quintessence de tout ce que Black Widow a subit durant toutes ces années, durant lesquelles on peut s’apercevoir qu’elle n’a eu de cesse de s’entendre dire qu’elle n’avait aucune place dans ce monde.

On peut voir dans sa vision que Natasha n’avait aucune envie de passer cette cérémonie, qu’elle-même voulait autre chose pour son futur. Elle oppose un peu de résistance, mais cela ne suffit pas à l’empêcher de passer sur la table d’opération. Durant la scène de la ferme, qui permet d’expliciter bon nombre de doutes et de pensées pour nos héros, Natasha explique à Bruce ce que cette vision signifiait pour elle.

On comprend que Natasha est en proie au doute quant à son identité : est-elle une Avenger, ou n’est-elle que l’assassin sans scrupule qu’on a fait d’elle ? On a un meilleur aperçu de ses motivations à être une héroïne : elle aspire à plus que de rester le monstre que des années de sévices et d’abus ont supposément fait d’elle, et c’est ce qui la hante. Elle estime qu’elle est un monstre pour toutes les actions mauvaises qu’elle a commises par le passé, pour chaque seconde passée derrière un masque sans savoir qui était la véritable Natasha.

En somme, Black Widow est en quête d’identité après avoir perdu toutes celles qu’elle avait acquises par le passé, et espère pouvoir acquérir celle d’une bonne personne, d’un Avenger. Elle reste néanmoins traumatisée par son passé et celle qu’elle s’est finalement résignée à être. En soit, c’est un enjeu individuel puissant. Le problème est qu’il a été exposé d’une manière qui prête un peu à confusion, avec notamment un ordre des répliques assez ambigu qui a laissé croire que Natasha se considérait monstrueuse parce qu’elle était stérile, ce qui n’est pas pertinent.

Néanmoins, bien que je ne pense pas que le traitement de Natasha soit bâclé et ne rende pas justice au personnage, je dois tout de même avouer que le personnage fait l’objet d’un nombre de coïncidence tel que le hasard n’y a plus vraiment sa place, et qu’on peut évoquer l’argument du biais sexiste. Comme par hasard, seule Natasha peut calmer Hulk grâce à sa douceur. Comme par hasard, Bruce Banner se retrouve le nez entre ses seins durant un combat. Comme par hasard, elle a un crush sur ce dernier et il faut absolument qu’elle ait une love story. Comme par hasard, de tous les Avengers, c’est elle qui se fait capturer par le méchant.

Attention, je ne dis pas que ces points scénaristiques n’ont pas d’intérêt (sauf le « gag » avec Banner qui est complètement gratuit) mais je pense qu’il faut comprendre les femmes qui étaient heureuses de pouvoir s’identifier à une héroïne qui n’avait pas besoin d’homme dans sa vie et qui pouvait parfaitement se débrouiller seule et qui ont vu dans ce film Black Widow avoir une histoire d’amour et se retrouver dans une situation de demoiselle en détresse. Néanmoins je pense aussi que cette polémique n’aurait pas eu lieu si l’écriture du personnage avait été moins ambivalente. De plus, il ne faut pas oublier que le film avait déjà fait polémique à cause de la décision d’Ike Perlmutter (mais si, vous savez, le PDG de Marvel Entertainment qui faisait partie du Comité Créatif de Marvel Studios qui avait financé la campagne de Trump en 2016) de ne pas produire de jouets et figurines de Black Widow parce que selon lui les jouets mettant en scène des personnages féminins se vendent moins bien parce que y a que les filles qui en achètent et que les filles ça joue pas avec des figurines… Vous savez, ce genre de raisonnement complètement idiot de la part d’entrepreneurs qui cherchent à se faire le plus de thunes sans savoir qu’ils en feraient plus si ils étaient plus inclusifs…

Il n’empêche que ce film permet au personnage de Natasha de devenir plus humain et honnête. En ayant un aperçu de ce qu’elle a vécu et de l’opinion qu’elle a d’elle-même, elle devient plus proche du spectateur, qui a alors plus de facilité à s’identifier à elle. C’est en montrant une Natasha accablée de doutes et faire preuve d’émotions que le film parvient à la rendre plus attachante. Malgré ce qu’elle a pu refléter durant ses précédentes apparitions, elle est loin d’être infaillible et apathique, et ça fait du bien de la voir ainsi.

Evidemment, ce qui hante le plus Bruce Banner est lui-même.

Bruce Banner et Hulk

Ce qui est assez frustrant avec Bruce Banner c’est que, tant qu’il n’aura pas compris que Hulk est une part de lui, on aura droit à peu d’évolution de sa part. De plus, le film commence alors que Hulk et Bruce Banner ont déjà pas mal évolué dans le laps de temps qui ne nous a pas été montré entre Avengers et sa suite. Dans les épisodes précédents, on savait que Bruce savait plus ou moins contrôler ses transformations, généralement pour pouvoir les provoquer. Il ne pouvait néanmoins pas contrôler ses actes en tant que Hulk ni redevenir Banner.

On découvre durant le film qu’il a cependant mis en place des stratégies grâce à ses coéquipiers pour pouvoir garder Hulk sous contrôle. Tout d’abord, il y a Black Widow, qui a utilisé ses compétences de psychologie pour établir un ensemble de protocoles cognitifs qui ont pour but de calmer Hulk. On a là aussi un élément qui évoque un potentiel biais sexiste : comme c’est Black Widow qui se charge de montrer de la douceur à Hulk, on peut facilement penser que c’est juste parce que c’est une femme qui attire Banner qu’elle obtient une relation privilégiée avec Hulk.

Pourtant, si vous vous souvenez bien de mon article sur L’Incroyable Hulk (oui je sais, c’est comme si on ressortait Han Solo de la carbonite), on a pu voir que Hulk se mettait en colère parce qu’on cherchait avant tout à le contenir ou à l’attaquer. Hulk est un être incompris dans un monde qui réagit à chacun de ses gestes soit avec de la peur, soit avec de la haine. C’était d’ailleurs pour ça que Betty Ross était la seule à pouvoir s’approcher de Hulk : comme elle y reconnaissait Bruce, elle n’avait pas peur, et essayait de faire preuve de compréhension et d’empathie à son égard. Connaissant Natasha et ses talents de psychologue, il fallait bien s’attendre à ce qu’elle puisse y puiser de l’inspiration pour mettre au point sa fameuse « berceuse ». Je pense donc qu’il est ici moins question du fait que ce soit une femme qui parvienne à calmer Banner plutôt que du fait que ce soit Romanoff qui soit la plus compétente pour ça.

Ensuite, il y a Tony Stark, qui a collaboré avec Bruce pour élaborer Veronica, l’armure d’Iron Man destinée à contrer Hulk au cas où il deviendrait complètement incontrôlable. Cet événement se produit après que la Sorcière Rouge ait profité de l’insécurité que vit Banner vis-à-vis de Hulk. Effectivement, il n’y avait aucune surprise quant à ce que Wanda comptait exploiter chez Banner pour le mener à bout.

Dans le film, on observe néanmoins un enjeu personnel sous-jacent pour Hulk. En effet, on peut le voir faire preuve de remords, ou en tout cas de scrupules, à la fin de son combat contre Iron Man. On peut penser que Hulk, habitué à être reconnu comme un héros après New York, s’est senti touché par les regards de terreur à nouveau portés vers lui. D’abord attristé, il redevient la rage incarnée, comme si ce retour à l’époque où il était craint et haï réveillait à nouveau sa colère. A l’inverse, quand Natasha l’encourage à aller se battre contre Ultron (« mon héros »), Hulk semble obéir, comme si l’idée de mener un nouveau combat pour la justice et être reconnu comme un héros au même titre que Thor et Iron Man le séduisait.

La relation entre Bruce et Natasha est également un point important pour le personnage de Banner. Je ne vais pas le cacher, comme un grand nombre de gens, j’ai été déçu de voir que Clint et Natasha n’allaient pas finir ensemble et obtenir un film façon Mr. & Mrs. Smith. Néanmoins, la relation de Bruce et Natasha est bien plus intéressante, et je dois avouer que c’est au contraire rafraîchissant de voir Natasha et Clint être de simples amis, bien que très proches.

D’un côté, nous avons Natasha, qui cherche à récupérer la partie de son humanité qu’on lui a prise ce qui la plonge dans le doute et l’incertitude ; de l’autre, nous avons Bruce, un homme curieux quoiqu’un peu effacé, peu sûr de lui et socialement inadapté, constamment hanté par Hulk. Nous avons donc deux personnes qui se considèrent comme des monstres pour des raisons différentes mais compréhensibles l’un pour l’autre.

Durant une grande partie du film, Bruce s’empêche de se rapproche de Natasha qui elle, au contraire, souhaite établir un contact. Bruce a du mal à faire confiance à Black Widow, ce qui semble la blesser (puisque cela la ramène à l’espionne qu’on l’a forcée à devenir). Il pense que Natasha est une manipulatrice qui aime séduire et qui n’est pas sérieuse dans ses tentatives d’approche, ce qui trahit selon moi un simple manque d’estime de lui-même. Dans son esprit, il est impensable que qui que ce soit puisse l’aimer.

Evidemment, on ne prend conscience de ce à quoi on tient que quand on le perd, et c’est ce qui pousse Banner à partir à la rescousse de Black Widow en Sokovie. Je pense que si Romanoff ne s’y était pas trouvée, il se serait maintenu à l’écart de la bataille, en raison de ce qu’il s’était passé avec Hulk en Afrique du sud quelques heures plus tôt. En la retrouvant, il est prêt à céder à ce que Nat’ avait déjà proposé à la ferme des Barton : s’enfuir.

Cette scène était d’ailleurs intéressante, puisqu’elle intervenait au moment où les deux étaient en proie à de gros doutes vis-à-vis d’eux-mêmes : Natasha était prête à tout plaquer, pensant qu’elle ne pourrait jamais être à la hauteur de ses propres espérances, et Bruce venait de vivre un rappel de tout ce que le Hulk a de pire, pour lui comme pour les autres.

Néanmoins, alors qu’il propose la fuite à Natasha, cette dernière comprend que si elle souhaite atteindre son propre idéal, elle doit se battre. Elle arrache un baiser à Bruce, et le fait tomber, faisant revenir Hulk. Honnêtement, je pense que c’est un coup bas de la part de Nat’, et que les retrouvailles entre elle et Bruce seront loin d’être de tout repos. Après tout, malgré ce que Bruce a pu lui dire sur son rapport au Hulk, elle a terminé sa dernière conversation avec Bruce en se servant de lui pour pouvoir mener la lutte contre Ultron. En quelque sorte, c’est une trahison.

Une fois le combat terminé, Hulk décide de rester dans le Quinjet. On y voit ici les conséquences de ce qu’il a vécu à Johannesburg ainsi que la trahison de Natasha. Sachant pertinemment qu’il devra répondre de ses actes vis-à-vis de la destruction qu’il a causé, il est ramené à l’époque où il était contraint à la fuite pour survivre. De plus, il vient de subir une trahison de la part de celle qui avait gagné sa confiance malgré sa réticence. Plus rien de positif ne l’attend sur Terre ou auprès des Avengers : il a fait son devoir en détruisant Ultron, mais ne souhaite plus rester auprès de ses amis. Et ainsi disparaissent Bruce et Hulk, malgré la tentative de berceuse d’une Natasha incompréhensive.

Comme ils sont mignons…

Clint Barton/Hawkeye

Après avoir été sacrifié dans Avengers pour permettre une plus grande place à ses coéquipiers, Hawkeye est de retour pour ce qui est sa troisième apparition seulement (même si la première n’était qu’un rapide caméo). Le moins qu’on puisse dire, c’est que Clint Barton a droit à un meilleur traitement que lors de sa précédente apparition, où son seul moment de gloire était celui où il utilisait un grappin pour aller s’encastrer dans une fenêtre.

Ici, il a droit à plus de temps d’écran et plus de répliques : on peut voir son statut de one-liner s’affirmer, de même que son statut d’humain. En effet, s’il y a bien un élément sur lequel le film met l’accent chez Hawkeye, c’est son humanité. Dès le début du film, cet élément nous est rappelé lorsqu’il se fait blesser, ce qui lui vaut quelques blagues de la part de ses coéquipiers dans une logique assez méta : Clint était en effet le membre des Avengers qui avait le moins de crédibilité auprès des spectateurs.

Cependant, plutôt que de faire de son humanité une faiblesse, ce film en fait une véritable force. Là où chaque membre des Avengers est confronté à sa monstruosité, Clint est un simple humain avec un arc et des flèches qui pourrait très bien mourir d’un moment à l’autre au milieu d’un monde qui n’a aucun sens. Pourtant, c’est ce qui fait qu’il est le seul à permettre aux Avengers de rester soudés et à leur apporter du soutien.

On comprend qu’il a comme réflexe à chaque fois qu’il revient de mission de fabriquer quelque chose de nouveau dans sa ferme, comme pour revenir sur Terre et retrouver le contact avec la réalité. Barton est un individu qui ne s’oublie pas parce qu’il a des choses concrètes auxquelles se rattacher : sa famille. Malgré son contrôle mental dans le premier volet, il reste le plus stable psychologiquement parlant, ce qui fait qu’il a pour rôle auto-proclamé de prendre soin de ses coéquipiers qui n’ont pas cette chance.

Durant la séquence chez lui, on découvre que Barton a une femme, Laura, et des enfants, dont un en cours d’acheminement. On voit que Clint prend ses responsabilités en tant que père et mari autant que son boulot le lui permet, mais Laura ne se prive pas de lui rappeler le devoir qui l’attend une fois que le troisième gosse sera là. Hawkeye promet à Laura que le combat contre Ultron est le dernier, et qu’après il reviendra.

Clint Barton est avant tout un gars qui fait ce qu’il croit être juste, parce qu’il n’y aura personne d’autre pour le faire. C’est pour cela qu’il ne reste pas pépère auprès de sa famille : le monde et les Avengers comptent sur lui. Il voit toujours quelque chose à laquelle il peut remédier, ce dont il prend la responsabilité. Cela se voit avec sa manie de vouloir refaire tel ou tel lieu de la maison entre chaque mission mais aussi avec sa façon de gérer la crise de panique de Wanda, que l’on imagine assez similaire au moment où il a convaincu Natasha de le suivre au S.H.I.E.L.D.

Barton est un humain qui comprend les défauts des autres et peut voir au-delà de leurs échecs et leurs doutes afin d’y trouver le potentiel qu’ils ont. D’une certaine manière, c’est ce qui lui permet de prendre soin de ses coéquipiers et c’est ce qui fait sûrement de lui un très bon père. D’ailleurs, on peut se demander si sa manière de considérer ses coéquipiers comme « ses épaves » ne serait pas une forme de paternalisme.

Il est néanmoins très conscient de son humanité et de la faiblesse que cela implique par rapport à ses autres coéquipiers, comme il le rappelle durant son speech fait à Wanda. Cela ne l’empêche néanmoins pas de se conduire de manière héroïque : il est prêt à se sacrifier pour n’abandonner personne sur le météore que s’apprête à devenir la Sokovie. 

Toujours est-il qu’une fois Ultron vaincu, Hawkeye retourne auprès de sa plus grande responsabilité : sa famille. Cette façon de vivre permet aux autres Avengers de se retrouver confrontés à ce qu’ils attendent de leur propre humanité : Tony est inspiré par cette idée et décide de prendre du temps pour Pepper et lui ; Steve comprend que ce n’est plus ce qu’il veut et qu’il doit se résigner à son nouveau rôle ; Natasha et Bruce savent qu’ils ne pourront jamais avoir cette vie etc. Et c’est là-dessus que l’on quitte Hawkeye : heureux et en bonne santé, avec une femme et des enfants qu’il aime de tout son coeur.

Qu’on ne s’y trompe pas, ce film est une véritable origin story pour Wanda.

Wanda et Pietro Maximoff

Wanda et Pietro ne sont pas de mauvais bougres. D’ailleurs, Steve lui-même compatit avec eux. Ils sont deux citoyens de la Sokovie, un petit pays plongé dans la misère et la corruption, au bord de la guerre civile. On sait que c’est pour permettre au peuple de se défendre face aux politiciens corrompus que Wanda et Pietro se sont portés volontaires pour subir les expériences de Strucker, bien qu’on entende ensuite d’autres motivations quant à l’antagonisme qu’ils maintiennent face aux Avengers et Iron Man.

En effet, Wanda et Pietro sont des citoyens d’un pays où il semble être d’avis majoritaire que les Avengers sont un simple produit de l’impérialisme américain et qu’ils sont des fascistes qui interviennent à l’encontre des intérêts du peuple. Bien qu’il se pourrait qu’il s’agisse d’une combine d’HYDRA pour monter la population contre les Avengers, cela n’empêche pas les Sokoviens d’y croire vraiment.

De plus, on sait que les jumeaux partagent une haine farouche contre Tony Stark à cause de son rôle – certes indirect – dans la mort de leurs parents et le traumatisme de rester bloqué pendant 2 jours dans des décombres à devoir fixer un obus portant le nom de l’un des milliardaires les plus réputés du monde. De leur point de vue, ce sont eux qui font justice et rendent service au monde en débarrassant la Terre des Avengers.

Ultron se tourne vers eux parce qu’il sait qu’en raison de leur animosité envers les Avengers, il pourra les manipuler et se servir d’eux pour se débarrasser ou occuper Cap’ et sa clique. Je pense que les jumeaux, à ce stade de leur développement, ne sont en plus pas totalement stables. Alors qu’ils viennent de survivre à des expérimentations illégales, ils doivent encore apprendre à gérer leurs pouvoirs, dont ils ne semblent avoir effleuré que la surface, et ce qu’ils impliquent dans leur vie. Ils sont perdus, confus, mais pas mauvais par nature.

C’est d’ailleurs parce qu’ils ne sont pas foncièrement mauvais – et plutôt impliqués dans l’affaire par des enjeux qui contredisent les actions des Avengers – qu’ils se retournent contre Ultron à la seconde où Wanda découvre ses réelles intentions, libérant Helen Cho de l’influence de la Pierre de l’Esprit et empêchant Ultron de vaincre Captain America. Lorsqu’ils discutent avec ce dernier, ils permettent d’apporter un point de vue extérieur à celui des Avengers sur Stark. Ils ouvrent les yeux de Steve en lui montrant que Stark et Ultron ne sont pas si différents dans leur manière de réfléchir et d’excuser leurs actions.

L’engagement des jumeaux aux côtés des Avengers n’est, je pense, que temporaire : ils sont simplement entraînés dans le combat parce qu’ils veulent vaincre Ultron, et que la Vision a mentionné la nécessité pour eux de tous s’allier. Cette alliance de fortune se consolide pour chacun des jumeaux à deux temps différents. Pour Wanda, il s’agit du discours que lui fait Clint Barton alors qu’elle est en train de paniquer, pensant au fait que c’est sa faute tout ce qu’il se passe. Pour Pietro, il s’agit de son sacrifice, qui achève de permettre une confiance mutuelle entre les Avengers et les Maximoff (ou en tout cas Wanda).

Cette dernière vit le sacrifice de son frère d’une manière semblable à de la télépathie ou de l’empathie, ce qui lui fait vivre en temps réel la sensation de la mort. Privée de tout soutien, elle se résigne à rester en Sokovie après avoir fait subir à Ultron la mort qu’elle a vécu. Sauvée par la Vision, elle a désormais la possibilité de suivre le rôle qu’elle a choisi durant la bataille : être une Avenger. Elle a trouvé le chemin qui lui convenait le mieux, et c’est ainsi qu’on la retrouve dans l’un des derniers plans du film, au sein d’une nouvelle équipe d’Avengers.

Les quatre Pierres d’Infinité déjà aperçues.

Thor et le futur du MCU

Thor connaît assez peu d’évolution durant ce film. En fait, j’aurais tendance à considérer qu’il sert plutôt de ressort scénaristique au film permettant de faire le lien avec le reste de l’intrigue concernant les Pierres d’Infinité, que l’on a vu se développer durant les films précédents. Ainsi, à l’instar de Nick Fury, Maria Hill, Helen Cho, Erik Selvig, Baron Strucker ou Laura Barton, Thor sert avant tout à faire avancer l’intrigue (mais comme on a été habitué à bien pire concernant Thor et son univers avec Thor: le Monde des ténèbres on va pas cracher sur le bilgesnipe).

Cependant, Thor ne fait pas réellement avancer l’intrigue du film en lui-même. Il sert juste à être présent durant les scènes d’actions et ajouter quelques informations importantes pour permettre aux Avengers de faire confiance à la Vision. Thor fait en fait avancer l’intrigue de l’Infinity Saga.

A ce stade du marathon, on a dépassé la moitié du nombre de films du MCU à voir avant Avengers: Endgame. Déjà, bravo si vous avez tenu jusque-là, j’espère que vous appréciez vos visionnages. Mais il convient également de faire un point sur l’intrigue qui s’est développée petit à petit autour de ces fameuses Pierres d’Infinité.

Définition : Les Pierres d’Infinité sont les restes de six singularités préexistant notre univers. Chacune dégage une énergie phénoménale qu’il est extrêmement difficile de maîtriser, à moins de posséder une physiologie suffisamment résistante ou une technologie qui permet de canaliser cette énergie. Pour l’instant, quatre Pierres ont fait leur apparition.

  • le Tesseract a été la première Pierre d’Infinité à apparaître et est celle la plus liée à la Terre. Laissé sur Terre par les Asgardiens après avoir repoussé les armées des Géants des Glaces (Thor), le Tesseract a été utilisé par Crâne Rouge (dirigeant d’HYDRA) dans les années 40 pour alimenter ses armes, avant qu’il ne soit désintégré par le cube, qui est par la suite tombé dans l’océan (Captain America: First Avenger). Il est repêché par Howard Stark, qui l’étudie et développe la technologie du réacteur Arc, avec l’espoir que son fils Tony mènera ses recherches plus loin pour permettre la paix dans le monde (Iron Man 2). Peu avant la mort de Howard, à la fin des années 80, le Tesseract est récupéré par la scientifique kree Mar-Vell et est par conséquent à l’origine des pouvoirs de Carol Danvers (Captain Marvel). Il reste en possession du Projet PEGASUS puis du S.H.I.E.L.D. Après l’arrivée de Thor sur Terre dans les années 2010, Nick Fury missionne Erik Selvig (influencé par Loki) pour travailler à un armement de pointe pour contrer les menaces extraterrestres potentielles (Thor). Sous l’influence de Loki, Selvig permet à ce dernier de se téléporter sur Terre grâce au Tesseract. Loki utilise ensuite le Tesseract pour ouvrir un portail sur Terre, menant à la bataille de New York entre Avengers et Chitauri (Avengers). Après la victoire des Avengers, le Tesseract est ramené par Thor sur Asgard, où il se trouve encore a priori.
  • ensuite nous avons la Pierre de l’Esprit, contenue dans le Sceptre que Loki détenait à son arrivée sur Terre (Avengers). Gardé par le S.H.I.E.L.D., il semble pouvoir exercer une influence néfaste sur son entourage. Après la chute du S.H.I.E.L.D., le sceptre entre en possession d’HYDRA, ce qui permet au Baron Strucker de créer deux optimisés, Wanda et Pietro Maximoff (Captain America: le Soldat de l’hiver). Le sceptre est ensuite récupéré par les Avengers puis étudié par Tony Stark et Bruce Banner, ce qui leur permet de créer Ultron. Ce dernier s’empare du sceptre et déloge la Pierre de l’Esprit de son écrin pour donner naissance à la Vision, qui la garde sur son front. Depuis sa naissance, Vision fait partie intégrante des Avengers (Avengers: l’Ère d’Ultron).
  • vient ensuite l’Éther, détenue à l’origine par les Elfes noirs de Svartalfheim, réputés pour être apparus avant la lumière. Malekith, leur chef, souhaitait s’en servir pour éteindre toute lumière afin de rendre sa gloire passée à son peuple, mais il en est empêché par les Asgardiens, qui le poussent à l’exil et confinent l’Éther en lieu sûr. Il est retrouvé dans les années 2010 par Jane Foster durant la Convergence, alors qu’elle essaie de rejoindre Thor. L’Éther en profite pour prendre possession de son corps, ce qui réveille Malekith de son sommeil millénaire afin de reprendre sa quête là où il l’avait laissée. Il est défait par Thor et ses alliés, et l’Éther est confié par Asgard à Taneleer Tivan, le Collectionneur, qui souhaite récupérer toutes les Pierres d’Infinité (Thor: le Monde des ténèbres).
  • enfin, la dernière à avoir fait son apparition chronologique est la Pierre du Pouvoir contenue dans l’Orbe de Morag. Utilisée par un Céleste par le passé, elle a été confinée sur Morag jusqu’à ce qu’elle soit récupérée par Peter Quill aka Star-Lord, fils du Céleste Ego. Après avoir failli être la cause de la destruction de Xandar aux mains de Ronan, la Pierre du Pouvoir est récupérée par Quill qui, associé aux Gardiens de la Galaxie, s’en sert pour vaincre Ronan. La pierre est ensuite gardée sur Xandar par les Cohortes de Nova (Les Gardiens de la Galaxie).

La vision de Thor annonce également d’effroyables destins pour Thor et Asgard, mais ça nous n’en saurons plus que le moment venu.

« Je le ferai moi-même »

Point Scène Post-Générique

Cette fois, il n’y a qu’une seule scène post-générique pour ce film (Joss Whedon ayant perdu toute patience pour en réaliser une deuxième). On y voit donc Thanos, déjà aperçu dans la scène post-générique du premier Avengers et dans le film Les Gardiens de la Galaxie, s’emparer d’un gant en métal en annonçant qu’il s’occupera de récolter les Pierres d’Infinité lui-même. L’Infinity Saga a dépassé une étape importante de son intrigue.

En bref

Je trouve que Avengers: l’Ère d’Ultron est un film incroyablement sous-estimé. Il apporte quelques visuels sympathiques, un antagoniste bien au-dessus de ce que Marvel nous avait habitué à cette époque (à part peut-être HYDRA et le Soldat de l’hiver) et un apport psychologiques nécessaire à la plupart des personnages principaux du MCU. Sa faiblesse est d’être un film charnière : non seulement il s’agit de l’intermédiaire dans ce qui devait à la base être une trilogie, mais il s’agit aussi d’un film qui fait le lien entre le passé du MCU et son futur.

C’est pour cela, je pense, que le film a perdu plusieurs spectateurs en essayant d’allier le ton du premier Avengers à celui, plus sombre, qui serait celui de Avengers: Infinity War, tout en introduisant de nouveaux éléments de l’univers (nouvelle Pierre d’Infinité, nouveaux personnages etc.).

Quoi qu’il en soit, même si j’aime beaucoup ce film, je vous cache pas qu’après avoir dû rédiger plusieurs fois cet article à cause d’incidents techniques, je suis heureux de passer à la suite. La prochaine aventure à suivre sera celle d’Ant-Man. A bientôt !

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